Ecrire est-ce copier ? To copy or to write ?

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Copier ou recopier? Lorsqu’on a pour métier de trouver des idées, et de les écrire, on peut se demander où se trouve la frontière. Et ne jamais la trouver.

Copy-me, c’est le nom d’une websérie sur le copywriting qui vient de voir le jour. 8 episodes mensuels qui proposent de faire réfléchir tout le monde sur l’ambivalence du mot copywriting. Prenons ce prétexte pour nous poser nos propres questions.

« Conceptor-redactor » ou « copie-écriveur »?

Un peu de linguistique pour commencer:

  • En français, on dit un concepteur-rédacteur : il imagine une idée, il la couche sur le papier. Pas d’ambiguité: création de tous les côtés chez les Français.
  • En anglaisCopy c’est une reproduction, mais aussi un sujet, ou un article… Du coup, le copywriter anglophone écrit-il ou réécrit-il?
[pullquote]On n’est plus à l’école désormais, quand on regardait pas dessus le bras de la voisine. Reste à savoir quand commence la re-création.[/pullquote]

Qui est le plus proche de la vérité, les anglophones ou les francophones?

Joelapompe, le chevalier blanc

Pour certains, la création peut être vue comme quelque chose qui part d’une copie blanche. Lorsqu’on crée quelque chose, c’est que personne ne l’a jamais fait.

Le porte-étendard de ce courant peut être Joelapompe. Un justicier cagoulé du milieu publicitaire qui publie sur son blog les arnaques au recyclage. Il en est à son 2e bouquin sur le sujet.

Son travail est nécessaire car beaucoup de ses trouvailles sont honteuses. Mais malgré lui, il introduit aussi l’idée d’inspiration. Où s’arrête la pompe? On n’est plus à l’école désormais, quand on regardait pas dessus le bras de la voisine. Reste à savoir quand commence la re-création.

life saver-ecrire est-ce copier  to copy or to write

joelapompe.net

Est-il encore possible de ne pas copier?

Toutes les idées absolument originales ont peut-être déjà été épuisées, qui sait. Pas besoin de rappeler que la pub a explosé ces dernières décennies. Il y a des produits dans toutes les niches et des publicités pour chacun d’entre eux, sur tous les médias.

Etre surexposés au marketing, c’est être surexposés aux campagnes. Et ça suppose qu’il y a de plus en plus de pubs. Désormais la pub est aussi notre culture, or on imagine en fonction de nos référentiels culturels. Un concepteur-rédacteur a une culture marketing forcément étendue. Impossible pour lui de ne pas être influencé s’il veut être inspiré.

Alors, créer sans re-créer est-il possible? Surtout, est-ce vraiment important? J’essaierai de prolonger cette réflexion plus tard, de sortir du manichéisme pour aller vers le partage et les usages. Dans tous les cas, nous avons un projet original à suivre et des questions à nous poser n’est-ce pas?

Ecrire est-ce copier ? To copy or to write ?

golem13.fr


Commentaires

  1. Loïc Blandin dit :

    Très bon article !

    Steve Jobs disait « Creativity is just connecting things » – Techniquement, l’imagination est un réassemblage de tout ce que le cerveau enregistre à notre insu. D’où l’importance de l’inspiration.

    Après, en tant que publicitaire, être créatif, c’est tenter de faire quelque chose de nouveau – avec tout ce qui a déjà été fait, ça devient difficile, mais ça fait partie du jeu. Je regrette donc que certains créatifs ne fasse pas la recherche avant de publier

    1. @julianoe_ dit :

      A la différence que ce que faisait Steve Jobs, d’autres l’appellent le viol de brevet.

      Le contexte pris est un peu trompeur car écrire ne se limite pas à faire de la publicité. Si on prend un peu de recul sur cette thématique, les arts sont nombreux où la question s’est déjà posée. De l’intérêt des remakes au cinéma ? A-t-on tout raconté en littérature ? Etc..

  2. ERIC dit :

    Excellente approche bravo….Mais la question est sans réponse, car rien ne se crée rien ne se perd tout se transforme. Même la citation est de Lavoisier alors recyclage ou pas ?
    On s’est déjà posé la question (à la Renaissance notamment) de savoir si il restait un domaine sur lequel écrire sans copier un auteur antique….C’est ce que vous faites aujourd’hui sans même peut-être connaître les textes originaux…donc une copie sans l’être réellement…je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre, mais j’essaie de copier Desproges…
    Encore une fois, bravo pour l’article…

  3. Pierre-Alain dit :

    Nouveau contexte, nouvel usage = nouveau produit. Il serait quand même dommage de laisser tomber les bonnes idées sous prétexte qu’elles sont bonnes, à condition bien sûr qu’elles ne se fassent pas concurrence. Très bon article. Merci!

  4. Philippe dit :

    Bonjour, merci pour ce très bel article. J’étais à la recherche d’infos pour définir mon métier, cela tombe à point. Et puis je ne connaissais pas cette série. Quand je dis que je suis copywriter, les gens me demandent à chaque fois de répéter. Mais ce n’est pas grave, c’est tellement plus beau que ‘rédacteur’. Et plus riche d’images et de concepts.

    Autre chose, je pense que TOUT a déjà été créé depuis longtemps. A présent, on adapte, on refait en mieux (ou en pire), on copie parfois en pensant être le premier, mais c’est sans doute effectivement parce qu’on a déjà vu une idée, voici bien longtemps, dans la rue, dans un magazine… Mais gardons l’illusion d’avoir été le premier…

  5. Philippe, merci pour ton commentaire. As-tu donc encore besoin de définir ton métier, toi qui l’exerce depuis tant de temps? Quant à moi, j’évite les définitions trop restrictives et partielles. J’aime assez me ranger auprès des manipulateurs de symboles (https://www.alternatives-economiques.fr/futur-parfait–progres-technique–defis-sociaux-par-robert-reich_fr_art_150_15925.html), comme disait Robert Reich, et cela me suffit… Je ne sais si c’est joli, mais cela me semble tellement vrai. Et je n’ai pas besoin non plus, du coup, d’avoir l’illusion d’inventer quelque chose, puisque que je sais qu’à tout crin, je jongle, transforme, … je manipule ce qui, comme tu le dis, a déjà été créé depuis longtemps.

  6. Romain Hourtiguet dit :

    Merci à tous pour vos commentaires qui m’aident à prolonger ma réflexion.
    Ca me pousse à continuer sur le sujet en allant un peu plus loin que simplement poser les bases d’une vaste question. Et je ne pense pas qu’on puisse jamais en faire le tour.

  7. Jeremy Lipp dit :

    Rien ne se créé, tout se transforme et c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe … Bref effectivement faire du neuf avec du vieux c’est encore ce qu’il y a de plus simple à faire.

    Mais faut-il produire pour produire ? Si le but c’est d’industrialiser alors copier ce qui marche est encore la meilleure chose à faire, mais faut pas s’attendre à avoir un retour sur investissement important et ressortir de la « masse » par ce genre d’approches. On lit beaucoup de choses ces temps-ci sur le « Content shock » ou la surabondance de contenus en ligne et la copie ou le plagiat à outrance ont peut être beaucoup avoir avec cela …

    Alors peut-être que mise sur des contenus novateurs et créatifs sera la seule garantie de visibilité dans les prochaines années !!

  8. Bonjour Jeremy, merci pour votre intervention qui ne fait qu’aller dans notre sens bien sûr. Ecrirepourleweb est le bac à sable, que dis-je: le laboratoire, l’autel, l’igloo, le bar, la piscine des concepteurs-rédacteurs qui prônent des contenus utiles, attrayants et pérennes. Un de nos dadas, c’est précisément d’aider la communauté et les annonceurs à créer des contenus novateurs. Et, chaque année, les marronniers nous rappellent que rien ne se crée, tout se transforme.

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