écriture inclusive : question de genre et de valeurs

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L’écriture inclusive est une méthode de rédaction qui s’appuie sur un langage non sexiste, ou épicène. Le but ? Promouvoir l’égalité des genres. Conseils.

Le langage non sexiste ou langage dit épicène est une règle d’écriture de la langue qui vise à rendre neutre le langage du point de vue du genre1. L’utilisation du langage épicène vise à promouvoir l’égalité des sexes dans la rédaction.

Les noms du genre épicène sont des noms qui, sous une même terminaison, sont invariablement d’un même genre déterminé, quoiqu’ils servent à exprimer les individus des deux sexes.

Les mots véhiculent des symboles… parfois sexistes

Les mots lus ou entendus créent des images mentales dans notre cerveau. Notre cerveau fonctionne ainsi : nous nous faisons un film quand nous lisons un texte, quel qu’il soit. Des représentations visuelles jaillissent et donnent de la couleur et des formes à ce que nous venons de lire. D’où l’importance de choisir les mots qui font mouche.

Quelle image nait dans les esprits lorsque vous remerciez les collaborateurs ou que vous interpellez des clients ? Pour la moitié de votre lectorat, pas de problème, ils se « voient ». Pour l’autre moitié ? Hum, comment dire ? Ça coince… Quelques exemples?

[pullquote]Le con c’est masculin, la queue c’est féminin … question de genre ! — Serge Gainsbourg[/pullquote]

Écriture inclusive : une question de genre ?

Les femmes se sentent moins concernées par les remerciements adressés aux collaborateurs, également s’ils sont expressément adressés à l’ensemble des collaborateurs. Voilà pourquoi le fait de remercier vos collaboratrices, AUSSI, prend tout son sens. Interpeller les clientes, AUSSI, peut dynamiser vos ventes.

Indépendamment de notre volonté, notre cerveau façonne des images à la lecture de certains mots. C’est ainsi que naissent les stéréotypes.

écriture inclusive : question de genre

Un homme sur deux est une femme. Qu’il en soit aussi ainsi, à l’écrit

Cibler toute votre clientèle, tout votre auditoire : voilà le secret ! C’est cela l’écriture inclusive : donner une égale visibilité aux femmes qu’aux hommes à l’écrit comme à l’oral. Vous n’excluez pas la moitié de votre auditoire ou de votre clientèle. Vous reconnaissez une réalité mathématique : l’humanité est composée pour moitié d’hommes et de femmes.

Démarquez votre communication : ne vous contentez pas du masculin générique qui soi-disant inclurait les femmes, car il n’existe pas de genre neutre en français.

Il n’existe pas de genre neutre en français

Les partenaires, le personnel, la clientèle sont mixtes, n’en oubliez pas la moitié ! Les clientes, les collaboratrices et toutes les partenaires de votre organisation adopteront d’autant plus facilement votre argumentation que vous aurez su créer une image mentale dans laquelle elles peuvent se projeter aussi.

6 bonnes raisons de donner une égale visibilité aux femmes et aux hommes à l’écrit

  1. L’IMAGE – Être administratrice est aussi gratifiant qu’être administrateur.
  2. L’ÉGALITÉ – La langue française bien que sexuée ne doit pas être sexiste.
  3. UN LEVIER – La langue française constitue un outil puissant, gratuit et immédiatement disponible pour créer des images mentales fortes et faciliter l’adoption de votre argumentaire.
  4. DES ALTERNATIVES – Appliquez avec bonheur toutes les autres règles (autres que celle du masculin générique, car la langue française ne possède pas de genre neutre).
  5. UNE ESTHÉTIQUE – Le mot autrice n’est pas plus laid que le mot traductrice.
  6. L’HABITUDE – L’habitude seule fait sonner un mot différemment à nos oreilles. Or les habitudes, on en change. Alors, plus d’excuses pour procrastiner !  

Les administratrices doivent composer 40 % des conseils d’administration en France depuis janvier 2017. Il est temps de les inclure aussi dans notre langage.

Une règle de grammaire qui se donne un genre

La langue française présente cette particularité d’avoir un genre grammatical qui ne reflète pas le sexe des individus : le masculin dit générique, celui qui soi-disant « inclut » les femmes. Ce n’est pas le cas en anglais, par exemple, qui n’est pas une langue sexuée. Femmes et hommes peuvent ainsi être CEO, mechanics ou teacher. Peu importe l’organe reproducteur de la personne, c’est sa fonction qui compte, et c’est très bien.

Le masculin : générique ou hypocrite ?

Se démarquer du masculin générique pose encore problème. Pourquoi ? Voyons donc les fréquentes (mauvaises) raisons, et argumentons.

  • Est-ce que cela ne va pas alourdir le style ? Non, de nombreuses règles permettent de rendre les femmes aussi visibles que les hommes sans alourdir le style.
  • Est-ce que ce n’est pas la règle, dans la grammaire française ? Utiliser le masculin générique est l’une des règles de la grammaire française. Il en existe d’autres qui rendent les femmes aussi visibles que les hommes.
  • Le féminin, ce n’est pas toujours très joli ! Ah bon, et c’est quoi le critère de beauté des mots ? La langue évolue. Les habitudes changent et rendent simplement certains mots plus courants que d’autres.
  • Je ne me sens pas exclue quand mon directeur s’adresse à ses collaborateurs. reformulons cette affirmation au masculin générique : « Nathalie, il ne se sent pas exclu quand son directeur parle de lui au masculin ».
  • La grammaire française prévoit que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Tout d’abord, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin. Cette formulation est humiliante pour les femmes et conforte un état d’esprit de domination masculine. Quand un terme doit s’accorder en genre avec plusieurs mots de genres différents, c’est le masculin dit générique qui s’applique, parce que la langue française ne disposant pas de genre neutre.

L’écriture inclusive, en fait, ça sert à quoi ?

Il est parfaitement possible d’appliquer d’autres règles. Lorsqu’une entreprise ou une organisation adopte des valeurs d’égalité, de respect et de lutte contre les discriminations, tout naturellement sa communication écrite les reflète en se mettant en cohérence.

3 règles en écriture inclusive

L’écriture inclusive traduit un fait de société. Rendre les femmes aussi visibles que les hommes dans la communication écrite ou verbale reflète juste la réalité de la société humaine composée pour moitié d’hommes et de femmes.

Voici 3 règles de base pour écrire sans exclure :

  1. Le doublon – Il sert à accentuer la parité et s’utilise autant à l’oral qu’à l’écrit. Exemple : Les coiffeurs et les coiffeuses organisent un salon ouvert au public.
  2. La globalisation — Globaliser ou s’attacher à la fonction efface la problématique hommes-femmes. Exemple : le conseil d’administration et l’équipe de rédaction se rencontrent à 17 heures.
  3. Le mot épicène – Les noms et adjectifs épicènes sont à la fois masculins et féminins, les utiliser au pluriel facilite la parité. Exemple : les pilotes habiles et les linguistes virtuoses suivent une formation continue.

Dans tous ces exemples, on ne préjuge pas du sexe des personnes (stéréotype), on s’attache à la fonction. Vous pouvez faire naître de belles images mentales chez votre lectorat en adoptant l’écriture inclusive.

Vous prônez des valeurs de respect, d’équité, d’universalité ? Montrez-le à l’écrit ! 

Traductrice indépendante, Isabelle Meurville accompagne les entreprises de la filière Environnement et les organisations de droits fondamentaux dans leur communication écrite : traduction, création de contenu et veille thématique multilingue. Depuis plus de 15 ans, elle applique les règles de rédaction non sexiste pour sa clientèle et propose désormais une formation.


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