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Les fanas de la grammaire française n’en démordent pas. Internet et autres réseaux sociaux appauvrissent notre langue. Rien n’est moins sûr.

A chaque époque son innovation technologique en matière de communication et télécommunication: le télégraphe utilise le morse avec ses points et ses barres, le Télex datant de 1930 et toujours en activité aujourd’hui, le téléphone – bien sûr – a bouleversé le monde des télécommunications au vingtième siècle.

Ces inventions ont déjà en leur temps modifié l’usage de la langue. On ne s’exprime pas dans un télégramme comme on s’exprime dans une lettre. Le style est télégraphique, comme le veut l’expression.

Des moyens de communication: rien de plus

L’arrivée d’Internet, de l’email, du tchat et des réseaux sociaux ont bouleversé les us et coutumes de la langue.

Ecrire « bàt » en fin d’email pour « Bien à toi » est déjà en soi une entorse à la langue. C’est oublier, que comme le Morse, le Télex ou le télégramme, l’e-mail est un moyen de communication, sans plus.

Et que dire d’Internet en général? N’a-t-il pas été conçu à la base par des militaires pour pouvoir continuer à communiquer en temps de guerre lorsque les réseaux de télécommunication classiques sont détruits ? N’a-t-il pas été repris ensuite par les réseaux universitaires pour échanger leurs données (Arpanet) ?

Au départ, Internet est un réseau de communication, point barre. Mais dévié de son objectif premier.

Sir Timothy John Berners-Lee, tenu pour l’inventeur d’Internet, ne pensait certainement pas que son invention servirait à des milliards de gens pour disserter sur tout et n’importe quoi ou à faire de l’e-commerce. Et c’est un bien, Internet a brisé les frontières, le choc des cultures et a donné une liberté d’expression qu’aucun autre moyen de communication n’avait permis à ce jour.

A fortiori, comme tout moyen de communication, Internet et ses dérivés (mail, tchat réseaux sociaux) ont fini par adopter leurs propres règles de style. On en dit déjà beaucoup dans les échanges d’emails, mais on ne les finit plus par « Veuillez accorder, Madame, Monsieur, l’expression de mes considérations distinguées », comme on le ferait dans un courrier.

[pullquote]On ne termine pas un email par « Veuillez accorder, Madame, Monsieur, l’expression de mes considérations distinguées », comme on le ferait dans un courrier.[/pullquote]

Tchat et réseaux sociaux: la course au court

C’est d’ici que vient une forme de révolution linguistique. Tchat, SMS et réseaux sociaux se sont inventés un propre langage. Un langage de course  toujours plus court, pour communiquer toujours plus vite. « Salut, comment ça va ? » se traduit en langage tchat ou SMS par « Slt, komensava? ». Et« Que fais-tu demain ? » se comprend par : « Kes tu fé 2m1? ».

Que fait-on avec tout ça?  Rien de bien particulier. A chaque moyen de communication, à chaque support média ses règles. Ceci dit, on peut parfaitement tchatter avec un ami en écrivant normalement. Il n’y a pas de critère d’exclusion.

Mais une chose est certaine,  une langue évolue avec son temps! Pour preuve, les expressions anglaises se sont fortement ancrées dans notre Français sans que cela ne dérange grand monde, si ce n’est les membres de l’Académie Française. Et très logiquement, Internet aura un impact sur l’évolution des langues.

L’essentiel est de savoir faire le distingo par rapport au support média sur lequel on se trouve.
A cet égard, le cas des adolescents accrochés à Facebook est un bon exemple.
Comme Dr. Jekyll et Mr. Hyde, ils peuvent très bien quitter leur écran, leurs « Lol » et « mdr », pour s’atteler en un tour de main à la rédaction d’une dissertation en bon Français pour l’école.

Et on ne rédige pas un article de presse sur le Web comme on le rédige dans un quotidien d’information vendu en librairie.

Internet enrichit le bien écrire!

L’écriture Web est une réalité. Elle n’est pas la même que l’écriture papier. Parce que le lecteur lit différemment à l’écran.
Le comportement type du lecteur online est de lire le premier paragraphe et les titres. Si c’est accrocheur et relevant, il continue à lire, sinon il zappe.

L’internaute n’est pas un idiot ! Il cherche l’information pertinente.
Cela oblige les rédacteurs à rédiger leur article avec un style, un angle, une approche.
Les opinions peuvent être tranchées, les prises de position affirmées. Ce qui par ailleurs , n’est pas toléré dans la presse papier (à part les éditos et les cartes blanches), où l’information a pris le pas sur l’opinion.

Les phrases sont courtes, dynamiques, et bien souvent le vocabulaire est riche. Pour exprimer quelque chose en 20 lignes plutôt qu’en 100, c’est une obligation. Et exploiter les richesses d’une langue est un exercice difficile.

A côté de cela, on trouve sur Internet tout un fatras de textes futiles et mal écrits. Mais après tout, en comparaison avec le livre, n’y a-t-il pas pour chacun une bonne et une mauvaise littérature? Ou encore un bon et un mauvais journal(isme)?

Il en va de même sur Internet. Du bon et du mauvais. Rien de bien nouveau, en soi.


Commentaires

  1. Très bon article,merci pour l’analyse 😉

  2. Un petit bémol : dans la presse, il y a toujours de l’opinion, déjà simplement dans le fait de choisir un angle plutôt qu’un autre, ou d’éluder une information pour mettre en lumière un fait !

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