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Le crowdsourcing séduit les jeunes entrepreneurs du Web belge. En témoignent les cas présentés aux BetaGroup de ces derniers mois. Cependant, qui dit crowdsourcing, dit source d’information qualifiée, pertinente, utile. Or, ce qui frappe parfois, c’est justement, dans ces jeunes pousses, la frugalité des contenus proposés. En d’autres mots, cette question: faut-il mettre en ligne un site alors qu’il ne tient pas encore son pari : être une mine d’informations précieuses. Réflexion…

Le crowdsourcing exige une stratégie de contenu. C’est à l’annonceur de donner de la valeur éditoriale au site, avant d’encourager les contributeurs extérieurs. Explications.

Qu’est-ce que le crowdsourcing?

Le crowdsourcing désigne « le fait d’utiliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faire d’un grand nombre de personnes (des internautes en général), en sous-traitance, pour réaliser certaines tâches traditionnellement effectuées par un employé ou un entrepreneur. Ceci se fait par un appel ciblé (quand un niveau minimal d’expertise est nécessaire) ou par un appel ouvert à d’autres acteurs.

Le travail est éventuellement rémunéré. Il peut s’agir de simplement externaliser des tâches ne relevant pas du métier fondamental de l’entreprise, ou de démarches plus innovantes » (merci Wikipedia, incarnation du crowdsourcing).

D’où la question lorsqu’on lance un site Internet basé sur du crowdsourcing: à quel moment est-il « publiable »? Dès que sa réalisation est terminée, histoire d’inviter les internautes à participer ? Ou un peu plus tard, après avoir invité des internautes (et/ou rémunéré des rédacteurs Web) à alimenter correctement les différentes rubriques de l’interface, de manière à:

  • encourager les autres internautes susceptibles de participer à cette initiative d’intelligence collective
  • fournir aux internautes « clients » l’assurance qu’ils trouveront sur la plate-forme les contenus promis, les réponses aux questions qu’ils sont censés trouver.

Frugalité des contenus, manque de démonstration

Tout se passe comme si ces jeunes sites avaient été mis en ligne trop tôt, et sans qu’une réflexion – que dis-je : une stratégie de communication – ait été mise en place. Cette pauvreté dans les contenus est d’autant plus criante que la plupart de ces plates-formes sortent directement en deux ou trois langues (question de géographie, bien sûr : la Belgique est encore unie, sisi). Ce qui nécessiterait donc de publier, dans toutes les langues proposées, autant de contenus qualifiés.

Dans la réalité, on voit malheureusement que ce n’est pas le cas. Et l’une des entourloupes utilisées pour maquiller cette inconsistance consiste à ponter l’une sur l’autre, des pages de langue différente et, au final : à brouiller les frontières linguistiques. Or, pourquoi, dans ce cas, proposer un choix de langue en entrée de site?

Un exemple concret?

Démonstration avec le site Geekangels.eu (lien indisponible). « Geekangels met en contact des personnes qui ont des questions sur les ordinateurs, internet ou autre appareils électroniques, avec des personnes qui ont des connaissances approfondies en la matière. Vous appelez un numéro local ou bien vous entamez une session de chat sur le site. Vous ne payez que quand un Geek Angel vous aide. »

J’ai audité ce site en septembre dernier. A l’époque, le site était en freeze: forts des retours qu’ils avaient eu au premier BetaGroup, les fondateurs replongeaient la tête dans le capot pour améliorer la mécanique. Les voilà, désormais, de retour. Sans, toutefois, de grande révolution, notamment, en termes de qualité de contenu.

Du reste, vous n’y accéderez pas, à ce contenu qualifié, tant que vous ne vous êtes pas enregistré. Ce qu’on ne peut que déplorer. Rien de tel pour attirer le chaland que de le rassurer par l’exemple, de lui offrir de l’échantillon, de lui faire voir sa marchandise.

A la loupe…

Voici donc ce que je disais du site Geekangels.eu après l’avoir ausculté sommairement, en septembre dernier (pour rappel, il était inopérant à l’époque). Vous le constaterez : je crois beaucoup dans le potentiel de l’initiative. Et j’y vois de nombreux éléments positifs. Mais, vraiment, tout le travail d’information, et surtout, de communication reste à faire.

« UN BEL EXEMPLE DE CROWDSOURCING »

Qualité éditoriale – On sent le travail éditorial: titrailles, accroches, textes courts, wording et phrasé. Le ton est familier, complice et rassurant.

Efficace. On apprécie aussi les textes explicites qui guident le lecteur pas à pas. Et cela que ce soit sur l’interface Clients ou celle des Prestataires. C’est un bon début.

Utilité –  N’était la mise en veille du site pour causes d’amélioration, on se dit que le projet a de l’avenir. « Que les gens utilisent leur ordinateur, leur iPhone ou GSM avec plaisir et sans stress » motivent les auteurs de cette agence en ligne pour computer geeks & dummies. Tout y est pour que la recette fonctionne: côté Geeks, des appels attractifs (30 EUR/heure et des cartes de visite gratuites), un profil en ligne, une équipe de soutien. Côté Dummies, des promesses de soutien efficace, des témoignages positifs, un descriptif pas à pas, une transparence concernant la procédure et les prix.

Ergonomie – Pas possible de tester la mécanique puisque le site est en maintenance. Cependant, sur les pages disponibles, on apprécie les menus et labels clairs, le wording rassurant, les incitants visibles et… Incitants. On déplore peut-être qu’on ne puisse basculer d’une interface à l’autre (Geek to Dummies ou vice versa) sans devoir repasser par la case Accueil. On espère que le formulaire d’inscription fonctionne mieux lorsque le site sera opérationnel.

Cohérence – Rien à redire : que ce soit dans l’éditorial, dans le look & feel, dans les comportements : rien ne surprend, ni ne trouble dans l’utilisation du site.

Lisibilité – Belle palette de styles, simple, sobre, peut-être un peu trop sommaire. On aurait apprécié un style pour les citations, par exemple. Histoire de mettre en valeur les témoignages côté Clients.  Sinon l’organisation des pages et le traitement graphique permettent une bonne lisibilité. Un effort pourrait être fait dans la présentation des FAQ : à la fois dans leur structuration et hiérarchisation, et dans leur rendu formel. Mais en priorité, il conviendrait de décentrer le texte central dans le footer. L’oeil, qui balaie l’écran de gauche à droite par réflexe, n’apprécie pas un alignement façon «menu de communion».

Influence et démonstration – On aurait apprécié, sur la page d’attente, une mention «Faites-moi signe quand vous serez d’attaque». Et un beau bouton Share pour encourager cet excellent projet…

Article paru dans Inside 120, octobre 2010.

Conclusion?

Vous concevez un site qui repose essentiellement sur du crowdsourcing? Dans votre plan de développement, prévoyez un budget « contenu » pour que, dès sa sortie, le site fournisse déjà de l’information utile, qui démontre l’expertise des contributeurs et l’utilité du projet. En d’autres mots, ne misez pas sur l’internaute futur contributeur pour donner de la valeur à votre site Web. A l’inverse, créez cette valeur pour encourager les internautes à y contribuer.


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