Le politologue 2.0 – Matthieu Lietaert

Politologue et communicant digital, Matthieu Lietaert est un Homo Cooperans 2.0 qui voit dans le web l’avenir de notre société.

EPW: Matthieu, comment passe-t-on du monde des livres à celui du web?

Matthieu: En 2000, quand je quitte le monde de l’université et je vends ma thèse à la télévision sous la forme d’un film «The Brussels Business ». À l’époque de YouTube, les télévisions voient que leur audience commence à s’évaporer. J’écris alors un livre sur «Comment faire un produit audiovisuel interactif.» Un film où l’audience réagit avec ce qu’elle voit.

Avec internet, on va consommer différemment et produire des films différemment. J’ai donc mis mon livre en self publishing en ligne et il a été lu par de nombreuses personnes. Aujourd’hui, je suis resté dans ce créneau de l’audiovisuel en ligne. Petit à petit, j’observe ce qui se passe sur internet et je vois que de plus en plus on parle de l’économie collaborative.

EPW: Quelle est votre vision de l’internet ?

Matthieu: L’internet est un outil que je veux utiliser afin que notre société puisse se dépasser elle-même. Tous les 5 ans, il y a une grande révolution d’internet. Et ça ne fait que commencer! Si on ne fait pas attention, internet n’aura servi à rien et il y aura plus de problèmes. Aujourd’hui, on commence à peine à écrire sur le web. On apprend. On teste. La grande question étant : «Que voudra-t-on en faire demain ?»

EPW: Internet serait plus qu’un moyen de faire du business?

Matthieu: Je participe à de nombreuses initiatives de collaboration à un niveau local. On a créé un cohabitât et ensuite un marché collaboratif. Ce sont des initiatives locales, mais à côté de cela, l’internet bouge aussi dans ce sens! Des boîtes comme Airbnb, Uber ou blablacar se créent. Des sociétés basées sur l’économie collaborative. Un modèle économique qui nous permet de distribuer les ressources d’une manière beaucoup plus optimale. La Mobilité en est un bon exemple.  À Bruxelles, on passe 80 heures par an dans les bouchons: c’est deux semaines de boulot perdues. D’autant plus qu’une voiture coute 5500 € par an en moyenne! Avec des services connectés qui permettent de partager des voitures: Il y a moins de voitures en circulation ça coûte moins cher, on perd moins de temps, ça pollue moins… Donc c’est plus rentable !

[pullquote]Aujourd’hui, on commence à peine à écrire sur le web. On apprend. On teste. La grande question étant : «Que voudra-t-on en faire demain ?»[/pullquote]

EPW: Quel est l’objectif de votre livre Homo Cooperans 2.0?

Matthieu: Le but du livre est que cette économie reste collaborative. Des entreprises comme Airbnb prennent pour elles les bénéfices de cette collaboration. Des bénéfices qui partent dans les paradis fiscaux comme c’est le cas aujourd’hui. Ce livre veut qu’on puisse se réapproprier l’économie collaborative. On ne rejette pas le profit, on veut le réinjecter dans des structures qui voient éthique et local. Il faut créer petit à petit produire un écosystème qui respecte les valeurs. Airbnb, par exemple, ne prend plus ces valeurs en compte. L’objectif est de se réapproprier ce type de plateforme pour en faire une plateforme coopérative.

EPW: Quelle est la place du web dans cette économie coopérative ?

Matthieu: L’économie collaborative n’aurait jamais pu exister sans internet. Parce qu’elle se base sur le partage des biens : la voiture, la maison, les connaissances, les voyages. Ces partages nécessitent de se mettre en relation avec les autres. Avec le web, on est connectés, il n’y a plus d’intermédiaires (agences de voyages, service de locations de voitures, etc.). En outre, il y a aussi un grand mouvement sur le web qui remet en cause la propriété privée. On partage les informations, car on n’y perd rien et que cela est profitable à tout le monde. On l’a vu avec Drupal, Firefox, Open Office. Ce sont les produits de demain: des produits partagés.

EPW: Quels sont d’après vous les défauts du Web ?

Matthieu: Je pense qu’il y a un côté virtuel et addictif sur le web. J’ai vu ça quand j’ai commencé à utiliser Facebook. J’allais toutes les 5 minutes voir s’il y avait quelque chose de nouveau. Seulement, le web c’est un outil pour nous connecter, ce n’est pas une fin en soi. Il faudra clairement se protéger dans les années à venir, car on n’a pas encore tout compris.

EPW: Avez-vous une anecdote, un moment qui vous a marqué dans votre vie web ?

Matthieu: On vit dans une société où il y a un peu la paranoïa, avec les informations anxiogènes des journaux. À côté de cela, j’ai personnellement eu un déclic grâce au web quand j’ai commencé à utiliser des sites d’échanges d’appartements. Je laissais des gens dormir chez moi quand je partais en vacances. Ils venaient dans mon appartement et à chaque fois que je revenais, l’appartement était quasiment plus propre que l’état dans lequel je l’ai laissé en partant. J’en suis arrivé à les faire régler le séjour en leur disant «Vous laissez l’argent sur la table». Au lieu de garder l’argent, ils le laissaient en disant «Merci.» Il y a un respect dans la collaboration, ça me motive sur l’être humain.


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