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Depuis plusieurs années, les médias traditionnels sont dépassés. L’information généraliste est has been, contrairement à l’information positive. 

Une information qui donne la patate. Oh, voilà encore un éléphanteau qui vient de naitre. Là bas, c’est un remède partiel contre une maladie dégénérescente. Là bas encore une application qui vous dit bonjour le matin. Le règne du «feel good» est largement amorcé.

Du journalisme «constructif»

Dans les domaines des médias traditionnels (presse, radio et télévision), de nouveaux rouages se sont mis en route, ces dernières années. Et pour cause : vendre du malheur ne rapporte pas. Ou bien si, sur une courte durée. Mais le public se lasse vite du «tout va mal». On a sorti un nouveau terme du chapeau médiatique « le journalisme constructif ».

L’intérêt du journalisme « constructif », ce n’est pas tant d’effacer les malheurs, mais de relativiser l’information. Du «Trop de voiture, trop de pollution», on va passer à du «La pollution, elle existe, mais on peut y remédier». On n’est pas dans de l’information bêtement positive, ça n’aurait pas d’intérêt, et le lecteur se sentirait pris pour un idiot.

[pullquote]Du «Trop de voiture, trop de pollution», on va passer à du «La pollution, elle existe, mais on peut y remédier». On n’est pas dans de l’information bêtement positive, ça n’aurait pas d’intérêt.[/pullquote]

L’information du JT est-elle « négative »?

La question est légitime. Si l’information dite « positive » existe, et qu’elle prend à contre pied l’information « traditionnelle », ça pourrait dire que celle-ci est «négative». Je ne dirai pas «négative» mais plutôt «dramatisante et sensationnaliste».

Et c’est encore plus vrai des «médias à proposition courte», comme les éditions de journaux télévisés. L’information principale est traitée pour gardée l’audimat. De plus, avec la pluralité des émissions et la tentative de se fier au web plutôt qu’à la messe télévisée, le spectateur devient difficile à garder.

L’information brute garde le zappeur. Pour un temps. Avant qu’il n’aille vérifier sur Internet.

Le 2.0 dans l’information, la «nouvelle» révolution

Arrêter de regarder le journal? Ne se ressourcer que de l’information «positive» pour éviter de penser au reste? Ou bien faire le tri par soi même dans des sites tels rue 89 qui proposent du journalisme «citoyen»?

Si internet a été inventé, c’est pour assurer un meilleur échange d’informations. Pour que la communication soit aisée. Dans un monde ou Twitter relaye les révolutions du monde arabe et où un mauvais commentaire sur Facebook peut discréditer même le plus sérieux des journalistes météorologiques, l’information n’est plus que la cible des médias traditionnels. Je n’invente rien. Tout le monde le sait. Il y a même une tendance inverse qui croit: l’intégration de sources des médias sociaux dans les journaux télé / radio / papier.

Comment conjuguer tous ces aspects de l’information?

Peut-être, finalement, que tout ça n’est qu’une question de point de vue. De ligne éditoriale aussi. Mais surtout de ressenti personnel. L’information «feel good» donne un goût fadasse, tandis que l’on se cache devant les images brutes des JT. Le journalisme «constructif» et d’investigation n’est relégué qu’en prime-time déroulant des sommes d’informations … Too much. Internet est une manne où viennent s’enchevêtrer tweetos, trolls et autres WikiLeaks.

Savoir faire le tri, prendre du recul, adresser un peu de bon sens et de sang froid, pour ne pas se retrouver piégé par la surpuissance du Journal Télévisé et de l’information généraliste qui, à des temps de Bye Bye Belgium, avaient pu bien nous surprendre.

Que pensez-vous de ces nouveaux rounds d’information? Fumisterie ou réinvention?

 


Commentaires

  1. Eve Demange dit :

    Bravo Benoît pour cette réflexion essentielle sur l' »angle » éditorial, et plus généralement, sur la façon de traiter l’info, sur la mission même de celui qui transmet l’information.

    D’un journalisme soi-disant « neutre » mais en fait très « commercial », en retrait, axé sur le sensationnalisme, nous sommes en train de passer à un journalisme plus « spontané », plus engagé. A l’image d’un Hervé Kempf qui quitte avec fracas Le Monde pour rejoindre Reporterre, un media engagé sur l’écologie afin de pouvoir s’exprimer comme il le souhaite.

    Au début du siècle dernier, le journaliste Albert Londres écrivait « Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. » Mais aujourd’hui grâce à Internet, tout le monde peut porter la plume dans la plaie. Alors où se positionne le journaliste ? Quel est son rôle désormais ?

    Je crois que nous assistons à une réflexion profonde sur le métier du journaliste, et sur sa mission dans une société en mutation. C’est un débat réellement passionnant, merci de l’ouvrir ainsi 🙂

    1. Merci Eve pour ce commentaire.

      Pour tout vous dire, petit, je rêvais d’être journaliste. Cette idée d’en savoir beaucoup et de partager le savoir me plaisait énormément. Mais, au fur et à mesure, j’en suis venu à regarder ces journaux et ces émissions avec un oeil critique, voire acerbe. Avec cette ère d’information à vitesse vv prime, je suis parfois consterné et stupéfait de la mollesse que nous imposent certaines analyses « du direct en télévision ». Je ne parlerai pas de mensonge, mais d’infantilisation forcée. Le journalisme qui a défait Nixon, ça, ça en dépotait. Même si les canaux sont différents, je trouve que le résultat est le même : écrire ou parler de choses devient, ces jours-ci, non plus à une question de contenu, mais de temps, soit de pensée, soit de parole. Et c’est encore plus vrai avec ces chaines d’information en continu. On actualise le flux sans chercher à aller plus loin. Je me souviens de l’été de l’affaire DSK, et de la ronde malsaine et vomitive des iTélé ou BFMTV en France. Pour l’instant, nous sommes encore épargnés en Belgique.

      Pour autant, rêver de savoir ce qu’il se passe est un peu dans l’esprit de chacun. Notre vision du monde, pour autant que nous restions dans notre fauteuil, ne va pas plus loin que l’écran de notre télé ou de notre ordinateur. Un ami me demandait récemment « Mais comment est-ce que tu peux ne pas être dégouté du monde dans lequel on vit ? ». J’ai trouvé cette question particulièrement intéressante, et très ridicule en même temps. Un monde qui est défini par la masse d’information qui est diffusée en continu, voilà ce qu’il se passe. Il faut pouvoir se dissocier de cette masse d’information pour créer quelque chose de plus humain, de moins mécanique. Le journalisme intempestif cible toujours le débat, suscite l’attention et attire le chaland parfois ô combien malsain. Le nouveau journalisme pourrait être de retour aux essentiels. Pas aux bonnes nouvelles. Mais à la nouvelle moins compacte, qui a eu le temps de vivre et d’être préparée.

      Si nous, rédacteurs web, devions délivrer à la demi-heure près vingt articles pour une firme bio-chimique, notre métier en perdrait en consistance et en poids. Tout le monde pourrait le faire. Pourtant, nous recherchons, planifions, écrivons. Nous sommes des journalistes de longue haleine, sans carte de presse, mais avec la hargne et le sérieux qui prévaudrait à nous créer notre propre Pulitzer.

      (C’était une longue réponse, je me suis éparpillé !)

  2. Bernard dit :

    Merci pour cet article. Je connais l’association Reporters d’Espoirs qui travaille depuis de longues années maintenant pour entrainer les médias dans cette optique d’information dite « constructive ». Intéressant. A mon avis c’est une réinvention, qui tout en respectant les codes journalistiques (recul critique) va plus loin, et est plus riche : elle constate les problème, elle rend compte aussi de ce qui permet de les dépasser, de trouver des solutions. La notion de solutions est importante… A suivre !

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