Les avatars- que dit la loi- interview de dan szwarc

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Les Avatars nous permettent-ils d’être invisibles sur le web? Dan Szwarc, l’ e-juriste d’Écrire pour le Web, répond à cette question.

Le terme Avatar, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est apparu dans l’univers des jeux vidéo. Initialement, «il s’agit d’une notion issue de la tradition mythologique hindoue pour désigner les incarnations multiples du dieu Vishnou.» précise Dan Szwarc.

À partir des années 80, Avatar a désigné la représentation joueur d’un jeu vidéo en ligne, d’un forum, d’un chat,etc. Une évolution qui démontre la puissance de l’avatar comme nous l’explique Dan: «Dans le langage informatique, le terme a été introduit par Richard Garriott qui l’a utilisé dans un jeu vidéo pour faire écho aux avatars hindous, partant de l’idée que l’identification, et donc l’implication, serait plus forte de la part du joueur s’il pouvait se représenter lui-même via une transformation volontaire de son identité, un alter ego «customisable».

En se généralisant en ligne, l’avatar sert désormais, par un certain abus de langage, à désigner toute image que l’on prend sur un espace numérique pour «se décrire» ou justement pour éviter de le faire (ce qui est le cas des avatars par défaut choisis automatiquement par le système). »

L’avatar a commencé à offrir aux utilisateurs la possibilité d’interagir de manière anonyme et de se protéger d’éventuels piratages. « L’avatar met un écran entre l’identité réelle et l’identité perçue. Donc, ça pourrait être n’importe qui et n’importe quel nombre de personnes, mais dans les faits, c’est en générale une seule personne qui se cache derrière un Avatar ».

Avatar: pour vivre heureux, vivons… cachés?

L’avatar a-t-il la possibilité de nous rendre complétement invisible? «Cela dépend », nous dit Dan. Visiblement, cela dépend surtout, du contexte et de qui on veut être invisible. «On peut dire que l’avatar à lui seul ne rend pas un individu totalement invisible, mais ça dépend surtout pour qui. Du point de vue du public, ce sera souvent le cas, mais jamais pour la plateforme qui permet d’utiliser cet avatar, ne serait-ce que parce que pour utiliser le service on doit d’abord attester de sa véritable identité auprès de l’éditeur, qui vous connaît donc.»

L’utilisation d’un avatar est même conseillée pour les personnes désireuses de rester discrètes dans leur utilisation du web et de se protéger d’une certaine manière. Dans le cadre d’une infraction, l’avatar prend une tout autre dimension. «En cas d’abus, on va d’abord rentrer en contact avec l’éditeur de site pour essayer d’obtenir des données afin d’identifier la personne (nom, prénom, messages privés ou adresse IP)».

Cela, en partant du principe que le site demande ces informations et qu’elles soient vraies. Enfin au-delà, la possibilité de se cacher derrière un avatar va beaucoup dépendre de l’éditeur de site et de ces conditions juridiques. En fonction des plateformes il est plus ou moins facile d’identifier quelqu’un. « Par exemple, il existe des sites d’adresses mail jetables. Avec une adresse mail jetable je ne peux pas retrouver une personne. Une adresse IP elle peut être détournée. Dans le cas où la personne veut vraiment rester cachée, les avatars sont assez efficaces. Mais pour utiliser tous ces procédés, il faut être très décidés ».

Propriété intellectuelle: la création d’une création

Au-delà de tout ce qui touche à l’identité d’un utilisateur, l’avatar peut poser des questions au niveau de la propriété intellectuelle. «Les avatars posent des problèmes dans un premier temps quant aux images utilisées sur le web. L’utilisation d’une image nécessite de demander une autorisation pour l’utiliser. L’exemple parfait de ce type de problèmes est Second Life. Une plateforme de réalité virtuelle où les utilisateurs créent une vie virtuelle et des créations virtuelles» par exemple, il est possible de peindre sur Seconde Life. Une création (la peinture réalisé par l’avatar) qui existe par une création en soit (l’avatar est une création de l’utilisateur).

l’avatar: une identité numérique?

Si on peut être plusieurs à se cacher derrière un avatar, est-il possible de voler cet avatar? « C’est une question qui n’est pas complètement tranchée en droit. » nous explique Dan.  « Cela relève du rapport entre l’identité virtuelle et l’identité réelle. Ça pourrait être allégué qu’un vol d’avatar constitue un vol d’identité à partir du moment ou on peut prouver que ça fait partie d’une identité qui rend reconnaissable. À l’heure actuelle ce qu’on peut affirmer c’est que le vol d’avatar peut constituer comme une utilisation interdite d’une propriété intellectuelle.»

Autrement dit, la loi trouve ses limites dans la définition de l’identité en elle-même. C’est une notion qui bouge énormément, surtout aujourd’hui. L’identité à un aspect scientifique, sociologique et philosophique. Le droit va considérer ce qui détermine qu’un individu ne peut pas être confondu avec un autre, c’est pourquoi l’état met à disposition des moyens de créer cette distinction. « Une identité c’est un ensemble d’éléments (nom, prénom, etc.) que la Loi admet comme étant les bons et qu’elle va formaliser par un acte, par un document (la carte d’identité). L’identité numérique est le pendant numérique de notre identité réelle. C’est un ensemble de fait qu’on dévoile volontairement ou par obligation, car ces éléments sont contrôlés par des tiers. C’est un ensemble de faits vérifiables. »

Avatar et vol d’identité

Pour voler un Avatar, il faut donc s’approprier ces deux identités qui sont liées. Il donc très important de bien connaître son identité numérique pour pouvoir la contrôler et la sécuriser. Enfin, Dan, insiste sur deux éléments fondamentaux pour protéger votre identité.

«Il ne faut jamais afficher sur internet sa date de naissance et son adresse personnelle. Pourquoi ? Dans beaucoup de mairies françaises (selon les mairies) à partir de l’association Nom/Prénom/date de naissance/adresse, c’est suffisant pour faire une déclaration de perte de documents. Ce qui qui est suffisant dans beaucoup de mairies pour établir un acte de naissance, permettant lui-même de créer à la Préfecture des faux papiers officiels. »

La seconde recommandation: demandez-vous si vous êtes une personne à risques. Qui pourrait vous attaquer et pourquoi? Bref, surveillez votre identité numérique avant tout. 

Et vous, combien d’avatars utilisez-vous? 


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